Petite réflexion du jour 🚀
La plupart des traducteurs professionnels ne sont pas hostiles “par principe” à la traduction automatique. À titre personnel je fais partie de ceux qui testent tout et sont ravis de déléguer à l’IA ce qui peut l’être :)
Le vrai problème actuellement est le fossé entre les attentes des clients (ça va vous faire gagner 50% de temps !) et la réalité. Pour avoir pas mal testé, on peut parfois gagner dans les 20% avec un robot performant, mais ça chute à 0% avec un robot mal entraîné / un texte techniquement pointu / un contenu à forte composante créative.
À l’exception des textes très normés (juridiques, brevets) ou très basiques (manuels d’utilisation) qui se prêtent un peu mieux à la traduction anglais-français, l’IA bute sur tout :
– elle ne comprend pas les fautes dans le texte d’origine
– elle ne comprend pas qu’en français il faut enlever 80% des superlatifs dont raffolent les Américains (top-of-class, amazing, etc.)
– elle ne comprend pas que le français exige d’éliminer des répétitions qui passent plutôt bien en anglais
– elle ne comprend pas qu’il faut adapter les références culturelles (coucou les Américains, vous connaissez Raymond Poulidor ?)
– elle ne comprend pas qu’il faut changer les unités de mesure
– elle ne comprend pas qu’il faut signaler au client les problèmes (« Oui bonjour, alors on va pas trop pouvoir demander la “race” des gens qui remplissent le formulaire en France »)
– elle ne comprend rien d’ailleurs, elle fait juste du calcul statistique 😎
Le problème n’est donc pas la traduction automatique en elle-même – même si la post-édition peut être un exercice extrêmement abrutissant. Le problème est surtout l’écart entre les performances espérées par le client (et vendues par les géants de la tech) et celles qu’observe le traducteur.
Et l’écart de rémunération qui va avec 💸
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